Les cent derniers jours

Patrick McGuinness

Informations générales

493 pages
Editions Grasset
2013

Biographie de l’auteur

Patrick McGuinness, né en 1968, a vécu en Roumanie. Il est professeur de littérature comparée à l’Université d’Oxford. Il a publié de nombreux recueils de poèmes pour lesquels on lui a décerné l’Eric Gregory Award et le prix Levinson du magazine Poetry. Les Cent derniers jours  est son premier roman.

Présentation de l’éditeur

Un jeune professeur est nommé en Roumanie en remplacement d’un confrère. Nous sommes trois mois avant la chute de Ceausescu, mais cela, il ne le sait pas.

Guidé par Leo, un trafiquant au marché noir, il découvre un pays où tout est rare et rationné, de l’électricité à la liberté. Les seules choses qui prospèrent sont l’ennui et les petits arrangements. Tout le monde espionne tout le monde, on ne sait à qui l’on peut faire confiance. Ce roman que Graham Green n’aurait pas renié est celui de la déliquescence des vieilles dictatures qui tombent comme des fruits pourris.
Et, au milieu de cette dangereuse morosité, survient l’amour pour une jeune femme qui va tout modifier.

Extraits
« C’était du moins ce que nous croyions. Elle revint un mois plus tard, détruite et hors d’atteinte, elle qui jusque-là n’était que très loin, dans le temps et dans l’espace. –Elle a bel et bien perdu la boule, cette fois, déclara Léo lorsqu’il l’aperçut, tanguant dans la file des arrivées, échevelée, le regard dans le vague qui contemplait quelque vaste étendue intérieure. Personne ne sut, elle ne raconta jamais, ce qui s’était passé à Paris. Nous la ramenâmes de l’aéroport. Elle était d’une maigreur effrayante, les yeux creusés, vêtue des mêmes habits que le jour de son départ, sentant l’urine. Nous l’aidâmes à gravir l’escalier de son appartement. Sa femme de chambre fit la révérence et se redressa avec effort : par un phénomène de sympathie, elle aussi avait pris dix ans. Elle avait gardé les pièces dans l’état exact où sa maîtresse les avaient laissées, continuant de polir l’argenterie, de nettoyer les icones et d’épousseter les livres et les meubles. La princesse regarda autour d’elle comme si elle découvrait les lieux : l’escalier sordide dont les murs arboraient autrefois les portraits de sa famille, la rampe sur laquelle ses frères et elle – l’un mort pendant la Première guerre mondiale, l’autre disparu pendant l’invasion russe – se laissaient glisser, le hall où elle avait porté des robes de bal à l’occasion de ses premiers pas dans le monde, aujourd’hui divisé par des cloisons en aggloméré et où s’alignaient des boîtes aux lettres forcées à la pince-monseigneur. » p.128

« Le pogrom rock se faisait plus bruyant. De retour à sa table, Cilea garda son sang-froid lorsque le Serbe qui la collait depuis le début de la soirée l’entraina sur la piste. Je regardais la main de l’homme descendre vers ses reins, et elle la remonter à chaque fois. Il enfouit son visage contre son épaule nue, comme pour inhaler le parfum sous sa peau. Elle tenta de s’écarter, mais il était plus fort qu’elle ; il la plaqua contre lui jusqu’à ce que leurs visages se touchent. A la fin de la chanson, il ne la lâcha pas. Titanu les observait, totalement immobile, sans toucher à son cocktail. » p.206

« L’invité d’honneur de l’événement – le dernier congrès du Parti du Comunist Roman – était Yasser Arafat. Il était assis au premier rang aux cotés d’Elena et Nicolae Ceausescu, un petit homme aux traits burinés, aux yeux affairés et nerveux. L’écouteur qu’il portait afin de ne rien rater des discours ne fonctionnait manifestement pas, ou alors il marchait trop bien : il tournait la tête dans tous les sens, la penchait avec des saccades interloquées comme un moineau, ou jouait avec l’appareil qu’il retirait de son oreille pour l’examiner. Je reconnus plusieurs personnes derrière le couple présidentiel : Palin, le ministre du Commerce qui était aussi le meilleur client de Leo, le ministre des Cultes et quelques autres, placés plus ou moins hauts dans la hiérarchie. Au centre de la troisième rangée était assis Manea Constantin, onctueux et élégant, dans un costume qui allait ostensiblement bien. » p.421

Critiques

« […] alors que la France et sa littérature n’ont pas de secret pour lui, les Français, eux, ignorent tout de Patrick McGuinness. C’est normal. En Grande-Bretagne, l’homme est surtout connu pour sa poésie – qui n’a pas traversé la Manche. Les Cent Derniers Jours est son premier roman traduit. Son premier roman tout court, même… Et un sacré coup de maître. »

Florence Noiville, Le Monde, 16/10/2013

 « C’est notre coup de foudre de la rentrée. Dans « Les cent derniers jours » (Grasset), Patrick McGuinness romance l’année qu’il a passée en Roumanie, juste avant la chute du régime de Ceausescu. Amour, espionnage, absurdité du système : un grand et beau roman où le lecteur est emporté par un moment-clé de l’histoire européenne. » 

Metronews, 14/10/2013